La prise en compte des problématiques des agriculteurs dans la conception d'outils numériques

Aux journées du PEPR agroécologie et numérique, Jean Larbaigt post doctorant en ergonomie, présente ses travaux de recherche sur la prise en compte des problématiques des agriculteurs dans la conception d'outils numériques.

Les AgroLiving Labs (ALLs) sont considérés comme des approches prometteuses pour la transition agroécologique. Toutefois, les connaissances sur le fonctionnement de ces dispositifs sont encore très limitées. Plus précisément, la prise en compte des besoins des agriculteurs dans les processus de conception n’est pas documentée alors qu'elle est revendiquée comme l'un des fondements des ALLs.  

A partir d’un cadre analytique basé sur la littérature en ergonomie, cette étude cherche à comprendre la prise en compte des besoins à travers 3 angles : 

  • Comment sont-ils définis ? 
  • Quels sont les outils & méthodes déployées ? 
  • Quels sont les obstacles potentiels ?

Les données ont été collectées lors d'une immersion d'un an et demi dans OccitANum avec une triangulation d'observations, d'entretiens et d'analyses de documents.

Les résultats montrent tout d’abord que la notion de besoin est omniprésente dans OccitANum (discours des acteurs, documents de fonctionnement prescrit) et qu'elle est rapportée comme un concept central de son fonctionnement. Cependant, il n’existe pas de définition homogène de la notion de besoins et ils sont souvent définis comme des solutions techniques ou organisationnelles. De plus, les besoins sont considérés comme quelque chose qui peut être explicitement et facilement exprimé par les agriculteurs.

En ce qui concerne l'opérationnalisation des besoins, les acteurs concernés ne sont pas toujours bien identifiés :

  • Les animateurs sont clairement identifiés comme étant en charge du traitement des besoins.
  • Les personnes dont les besoins doivent être pris en compte sont moins bien identifiées. 
  • L'identification des besoins est exclusivement basée sur l'expression des agriculteurs au travers de réunions et d'enquêtes.

Enfin, trois obstacles principaux entravent la prise en compte des besoins des agriculteurs :

  • L'analyse de leurs besoins est considérée comme complexe (par exemple, les méthodes à utiliser, le nombre d'agriculteurs à prendre en /compte pour l'identification des besoins, la variabilité interindividuelle).
  • Les parties prenantes manquent de ressources (compétences, temps, financement, interactions avec les agriculteurs) pour la prise en compte des besoins. 
  • De par sa conception, OccitANum introduit un biais, à savoir l'obligation de développer des solutions dans le champ des technologies numériques.